A la soupe

Clara regarda Mary, alertée. Elle ne prenait jamais de médicament d’habitude et tous les médecins le savaient.

-Qu’Est-ce que c’est que sa ? Demanda-t-elle d’une vois alarmée voyant Zikei faire mine d’avaler sa pilule. Elle se força à sourire et à prendre un ton détaché.

-Cela doit être une erreur Mary … Je n’ai pas besoins de médicament ….

Clara avait peur et espérait de tout son cœur qu’il s’agissais d’un malentendu. L’angoisse que sa belle mère ai modifié son dossier pour se venger était présente et la jeune fille, malgré son apparence calme était au bord de la crise de nerf.

Mary posa une main rassurante sur l'épaule de Clara

- Clara tu as déja vu ma méthode avec certains patients... Je sais qui a besoin de médicaments et qui n'en a pas besoin, tu fais partie de la deuxième catégorie.

Elle montra la gellule rose

- Ceci est appellé bonbon à la cerise ma chère Clara et si tu ne me crois toujours pas ...

Elle sortit de sa poche tout le paquet de bonbons qui lui servait à piéger ses collègues en leur faisant croire que tout le monde prenait bien leur médicaments. Evidement, dans sa chambre elle avait des pots pour y mettre les médicaments que ces patients la ne prenaient pas.

Au mot ’bonbon’ Clara soupira de soulagement et ouvrit grand la bouche pour gober le bonbon.

-Tu m’a fait peur, avoua-t-elle, je sais que tu connaît bien tes patients mais je me méfie quand même …

Le bonbon était délicieux et la jeune fille jeta un coup d’œil à la marque, elle ne manquerais pas de s’en faire tout un stock lors de sa prochaine balade en ville!

Se relevant elle s’étira comme un chat et pris son livre.

-Bon je vais retourner lire dans la salle commune moi, bon courage pour la distribution et pour les patients audacieux. Elle fit un clin d’œil à Zikei pour appuyer ses propos.

Zikei regardait clara lui faire un clin d'oeil, il compris rapidement pourquoi et cela le fascina d'autant plus. La jeune fille comprenait tout rapidement, elle était très intelligente et cette intelligence fascinait le jeune homme qui se concentrait maintenant sur elle, il sentait de la concurence, il pensait que cette jeune fille pouvait être aussi brillante que lui.
Il la regarda partir vers la salle commune et s'empressa de la rattraper pour lui demander :

- Dis moi, dit-il une fois à coté d'elle, que lis tu donc ?

Alors que Clara avançait, Zikei la rejoins et lui demanda ce qu’elle lisais. Elle souris au jeune homme dont elle appréciait la répartie et la culture qui, elle en était sure, était sûrement aussi intéressante.

- Eugénie Grandet de Balzac, sourit-elle, je l’ai pris totalement par hasard mais il est très intéressant !

Entrant dans la salle commune, elle se dirigea vers le fauteuil qu’elle occupait quelques minutes auparavant.

- Mmmhh, avarice et amour, eugenie grandet, une tres belle oeuvre de balzac ! tu as du gout tres cher... as-tu deja lu "Si c'est un homme" de primo levi ? une histoire porté sur la condition humaine, vraiment interressant !

Il lui parlait avec aisance sachant qu'en face de lui, il avait quelqu'un de cultivé !

- Mais j'en oubli les politesses ! Est ce que je te derange ? Je peux partir si tu veux lire, dit il en lui souriant, ne sachant pas ce qu'elle voulait.

La conversation devenait vraiment intéressante et Clara ne voulais pas perdre une si belle occasion de parler littérature et de se cultiver.

-Non tu ne me dérange pas du tout, le rassura-t-elle en souriant. Levi dit tu ?

Elle murmura :« Considérez si c'est un homme; Que celui qui peine dans la boue ;Qui ne connaît pas de repos ;Qui se bat pour un quignon de pain ;Qui meurt pour un oui ou pour un non ;Considérez si c'est une femme ;Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux ;Et jusqu'à la force de se souvenir ;Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver ;N'oubliez pas que cela fut »Clara regarda Zikei d’un air gêné, et lui avoua :

- En fait je ne connais que cela de l’œuvre, j’ai entendu parler de cette description de la shoah mais je n’en ai lu que le poème. Mon affinité avec les ouvrages d'après guerre est assez limitée, plaisanta t-elle.

Clara lui avait dit de rester, Zikei le sentait mais voulais quand même s'en assurer. Il sentit sa culture débordante ! Il repris alors :

- Et la philosophie ? Aimes-tu la philosophie ? On peut prendre "si c'est un homme" de Levi comme de la philosophie, mais il y a bien sur des oeuvres bien plus magistrales en philo comme "les 5 leçons sur la psychanalyse" de Sigmund Freud ? Connais-tu Freud ? J'adore la pensée de cet homme !
Oh et connais-tu... !!

Il s’arrêta net de parler, il ne faisait que parler, la pauvre jeune fille ne pouvait même pas en placer une ! Il s'en rendit compte et s'excusa :

- Pardonne mon impolitesse ! Il n'y a pas que moi qui doit parler ! , dit-il en riant de joie. Oui Zikei riait de joie, c'était vraiment rare le concernant...

Quand le jeune homme eu fini sa tirade enflammée sous l’œil amusé de Clara, il s’excusa et rit de bon cœur. La jeune fille joint son rire au sien et lui souris:

-Oui, j’adore la philosophie et tout particulièrement Freud que je trouve très intéressant, bien qu'un peu extrême... Son idée d’interprétation des rêves est tout simplement géniale, mais celles qu’il propose peuvent être assez éloignés de la réalité … et trop de psychiatre ont eu tendance à transposer ses propos sans chercher à les adapter a son patient.

Clara réfléchit quelques instants avant de se décider:

-Je crois que je lui préfère le pragmatisme de Kant, enfin… son idéalisme transcendantal. J’ai dévoré ses critiques ! Je trouve que les idées sur la morale et les obligations sont tout simplement fascinantes !

La jeune fille était passionnée par la conversation, jamais elle n’avait ainsi conversé avec personne! Les jeunes de son ages étaient tellement limité et acculturés de nos jours ...

Cette discution était vraiment passionante pour le jeune homme qui se sentait vraiment bien avec cette jeune fille la. Elle débordait de culture et de connaissance c'etait un pur plaisir de discuter avec elle.

-Mais d'ou tiens tu toutes ces connaissances là, dit il fasciné par Clara. Tu me parles de philosophie avec une telle aisance... les jeunes de ton age ont pratiquement tout le temps du mal avec la philosophie et la litterature, tu n'es pas comme eux...

Kayuso a remarqué que personne ne faisait attention à lui il se défila discrètement pour éviter de prendre ses médicaments car il n'aimait vraiment pas le gout... D'un coup une boucle de sa camisole tomba à terre et il se pétrifia à l'idée que Mary était juste derrière lui...

Clara rougit, peu habitué aux compliment concernant sa culture, elle qui n’avait jamais été assez bien pour sa belle mère était enfin reconnue! Ne voulant pas alourdir l’atmosphère, la jeune fille occulta sa quête de la perfection et ses vaines tentatives pour plaire à Juliette qui lui avaient fait s’intéresser très tôt aux études.

- He bien … J’ai été scolarisé ici très tôt et n’ayant pas de contact avec d’autres enfants je me suis intéressé à la lecture. Elle haussa les épaules. La bibliothèque de l’asile étant principalement pour les médecins on y trouve plus de prix Goncourt que de littérature jeunesse. Et toi ? Si l’on suit tes dires tu dois avoir un âge certain pour être si cultivé…

Clara souris et fit un clin d’œil au jeune homme. Il était au moins aussi atypique qu’elle avec sa culture, ses manières d’un autre temps et son air malicieux!

- Moi ? eh bien mes parents sont mort à mes 15 ans... à cause de moi, alors je tuais au début pour les venger mais apres surtout pour survivre. Je m'etais fait ma fortune grace aux meurtres. Je ne travaillais donc pas, je passait des apres midi dans les bibliothèques à étudier, anatomie, biologie, electronique, chimie etc, et à me cultiver en lisant de tout...

Zikei s'etait confié à elle librement, sans aucune honte ni gène ni quoi que ce soit, c'etait bien la première fois qu'il disait cela à quelqu'un car il n'aimait pas parler de son passé.

- Mais tout cela doit surement t'ennuyer...

La cruelle vérité aurait du jeter un froid ou glacer Clara d’effrois, mais au contraire la sincérité du jeune homme ne la rendit que plus curieuse. Inclinant la tête de côté elle contempla Zikei, décidément la personne en face d’elle avait du bien souffrir au cour de sa vie. Sûrement autant qu’elle n’avait infligé la mort!

-Non au contraire, avoua Clara doucement, je trouve cela fascinant … Permet moi de te demander, la jeune fille hésita dans ses mots ne voulant pas le froisser après la grande marque de confiance qu’il venait de lui accorder, pourquoi cherche tu a venger des morts que tu a causé ?

Se rendant compte de l’indiscrétion de sa question elle ajouta précipitamment:

- Ne te force pas à répondre si tu n’en a pas envie …

Zikei soupira à cette question avant de se prononcer :

- Je n'ai pas tué mes parents, je les ai amenés à leur mort...
Je n'en pouvais plus de vivre en Inde et un soir j'ai fugué... ils m'ont cherché toutes la nuit mais ce n'est pas moi qu'ils ont trouvé, c'est un truand qui les a tués net pour leur argent...

Il racontait cela de plus en plus lentement, Il respirait fort et serrait le poing droit comme s'il avait devant lui ce meurtrier et qu'il allait le tuer, mais devant lui était Clara, il la regarda et baissa la tête... c'etait dur pour lui de se rappeller ça...

Clara s’avança et pris les mains de Zikei dans les siennes en un geste de réconfort. Elle s’en voulais d‘avoir soulevé ce sujet, visiblement douloureux pour le jeune homme.

-Ce n’est pas ta faute …. Murmura-t-elle en cherchant les yeux du jeune homme du regard, pas ta faute …

La jeune fille en était convainque. L’horrible histoire de Zikei ne faisais que la concerter dans son sentiment : Il appartenais à cette catégorie de personnes qui, sur un coup du sors, avaient perdu ce qui leur était le plus cher. Entraînant une perte totale de confiance en humanité.

Clara secoua la tête, faisant voler ses long cheveux, Ô que la vie pouvait être injuste!

Quand elle lui prit les mains, zikei fut tres surpris, la jeune fille ne le craignait elle donc pas ? Il la regardait dans les yeux puis soudain se retira en retirant ses mains.

- Pourquoi ...?

Il avait l'air énervé contre lui meme, il etait un monstre et la fille devant lui, un ange. Pourquoi ne le craignait elle pas comme tout les autres ? Lui meme se rejetait depuis son entré à l'asile, il se trouvait pitoyable, et impuissant... il voyait la le resultat de ses années les plus sombres... ou il tuait comme une simple bête. Mais cette fille voyait elle en lui un homme ? Peut etre parce qu 'il avait changé depuis son arrivé ici...

Zikei recula brusquement et perdant les mains du jeune homme, remit les siennes dans son dos.

- Pourquoi ...?

Clara ne compris pas tout de suite si la question était rhétorique ou si elle lui était adressée et après un moment de réflexion décida d’y répondre quand même:

- Parce que tout le monde a le droit à une seconde chance… Je ne sais pas combien de personnes tu a tué, et sincèrement je m’en contrefiche! Si cela te perturbe autant c’est qu’au fond de toi tu t’en veux, et tu n’a pas besoins que l’on te flagelle encore plus que tu ne le fait toi-même. Elle le regarda dans les yeux, Aucune des personnes ici présentes qui se repentent de leurs crimes ne méritent, en plus de souffrir de la haine qu’ils inspirent et s’inspirent à eux même, la crainte d’autrui.

Clara avait parlé d’un ton ferme mais doux, au cours de ces années passé à l’asile elle avait compris qu’une personne même ayant décidé de ne plus tuer continuerais toujours, si elle était considérée comme un tueur. Et que, comme le médecin malgré lui, elle continuerais de faire ce que le monde lui dictait contre sa volonté.

À ces mots, zikei se sentit bizarre, cette fille... pouvait elle l'aider à etre meilleur ? Il ressentait une confiance enorme en elle... meme s'il ne la connaissait pas vraiment.

- Tu as raison,dit il, et merci. Je ne connais pas ta vie mais tes parents devrai etre fier de toi !Tu es une jeune fille exeptionnelle tu n'as rien à faire dans cet asile... je pense dailleur que tu n'es pas "malade", ai je raison ? les medicaments que l'infirmiere t'a donné n'en étaient pas n'est ce pas ?...

Il reprennnait ses esprits et se remettait à refléchir...

La fierté de ses parents, chose que Clara avait toujours recherché sans jamais l’obtenir… Tant de compliments firent rougir la jeune fille, décidément Zikei l’idéalisais bien de trop.

- Pas assez il faut croire, elle souris puis soupira. Oui tu a totalement raison, je n’ai rien à faire ici. Je ne prend pas de médicament et tout les médecins le savent, Mary s’amuse à me donner des bonbon comme à tous les patients qui n’en ont pas besoins…

Elle baissa les yeux, craignant d’en avoir trop dit. Elle sentait qu’elle pouvait faire confiance à Zikei mais elle ne devait pas pour autant trahir ses amis.

- Tu ne me diras rien n'est ce pas ? tu ne me fais pas confiance, je ne t'en veux pas, dit il en souriant, apres tout je ne suis qu'un nouveau ici !

Il s'assit sur la premiere chaise qu'il trouva, se prit la tete entre les mains, et soupira. Il ne faisait que penser à ce qu'il est et ce qu'il a fait. Souvent il avais l'impression d'etre hanté par son passé. Il releva la tete pour regarder la jeune fille.

- Peut etre devrai-je te laisser lire ! , dit il en riant.

Relevant des yeux honteux Clara regarda Zikei s’asseoir sur une chaise et l’imita en se posant dans un fauteuil face à lui. La tête entre les mains, il avait l’air réellement triste.

- Cela dépend Zikei… Cela dépend, soupira-t-elle. Je sais que je peux avoir confiance en toi, ne me demande pas pourquoi, je le sent . Demande moi n’importe quoi me concernant je te répondrais sans problèmes, mais pas sur des choses qui ne me concernent pas…

Clara remonta ses jambes sur le siège en position fœtale et posa sa tête sur ses genoux.

- Comme tu veux, mais je n’en ai plus vraiment envie maintenant …

- Je n'ai rien à te demander, si tu veux me raconter ta vie libre à toi je t'écouteral avec attention mais je ne demanderai rien, ce serai forcer les choses.

Sa reponse fut breve et simple. Il pensait que sur un sujet tel que celui ci, ce n'est pas à lui de demander, et donc par principe, il ne demanderai rien. Zikei jouait beaucoup sur certain principes, c'etait un homme qui vivait, avant de venir à l'asile, suivant des regles stricts qu'il s'imposait pour ne pas se reduire à l'animal.

Cette réponse simple et franche collais bien avec l’idée que Clara s’était faite de Zikei et la rassura. Elle ferma les yeux quelques instants méditant ses propos plein de savoir vivre et plein de respect pour l’autre et soupira.

- Si je suis internée ici alors que je n’en ai aucun besoins c’est à cause de ma belle mère.

Clara remonta ses manches laissant apparaître des bras doré striés de cicatrices irrégulières.

- Je ne le supportais plus et je me suis vengé. Après cela impossible de cohabiter. Au collège cela s’est mal passé donc il m’a mis ici.

Elle haussa les épaules pour se donner une contenance. Elle n’aimait pas parler de cela, cette histoire sans intérêt et qui n’aboutissais que sur des larmes. Larme qu’elle essayais à présent de contenir.

Zikei commencait à tout comprendre peu à peu, elle n'aimait donc pas son pere ni sa mere... Il vit les cicatrices et s'aprocha pour les toucher :

- Qui t'a fait ça ?! , dit il énérvé en voyant cela. Qui a osé ?!

Il comprenait maintenant une partie du pourquoi elle complotait avec gabriel... Zikei adorait ce genre d'enigme où il lui faut tout observer...